Un sujet macro-économique : Un record de natalité en Allemagne en 2016

792 000 naissances enregistrées en 2016, c’est le chiffre annoncé le 28 mars 2018 par l’office allemand des statistiques Destatis, soit un bond de 7 % par rapport à l’année précédente. En 2011 encore, le nombre de naissances s’établissait à 663 000.

Même si l’Allemagne renoue avec un nombre des naissances constaté pour la dernière fois en 1996, on est bien loin des niveaux enregistrés dans les années cinquante et soixante, période du baby-boom. En cumulant les chiffres des anciennes RFA et RDA, l’Allemagne avait atteint en 1964 le niveau le plus élevé de son histoire avec 1 357 304 naissances.

Désormais, en affichant un taux de fécondité de 1,59 enfant par femme en 2016 (contre 1,50 en 2015), l’Allemagne se replace dans la moyenne des pays de l’Union européenne où le taux de fécondité s’est élevé à 1,60 selon Eurostat. Précisons qu’en tête du classement se situe la France, avec un taux de fécondité de 1,92 enfant par femme. L’Italie et l’Espagne quant à elles se retrouvent en queue de peloton avec un taux de fécondité de 1,34.

Plusieurs facteurs permettent d’expliquer cette évolution démographique favorable. Tout d’abord, ce sont les femmes âgées entre 30 et 37 ans qui ont généré le plus de naissances et le nombre de mères potentielles dans cette classe d’âge est particulièrement élevé. Notons que l’âge moyen des mères au premier accouchement est de 29,6 ans en Allemagne, contre 28,5 ans (en 2015) en France. Ensuite, l’Allemagne connait une situation économique favorable et un faible taux de chômage. De même, elle semble bénéficier des effets des mesures mises en place au cours de ces dernières années, avec notamment l’introduction du salaire parental et l’augmentation du nombre de places de crèches et garderies.

Le niveau actuel de la natalité est fortement lié à l’immigration et en particulier à la politique d’accueil des réfugiés décidée en 2009 par Angela Merkel. En 2015, l’Allemagne a accueilli environ 900 000 demandeurs d’asile, pour la plupart Syriens, Irakiens et Afghans.

Ainsi pour près de 185 000 naissances enregistrées en 2016, les mères étaient de nationalité étrangère, soit une hausse de 25 % par rapport à 2015. Plus précisément, les Syriennes ont eu 18 500 enfants en Allemagne, les Afghanes 5 900 et les Irakiennes 5 500. Les Turques, principale communauté étrangère en Allemagne depuis des décennies ont eu quant à elles 21 800 enfants. Le taux de fécondité des mères étrangères est d’ailleurs nettement plus élevé que celui des mères allemandes (2,28 enfants par femme contre 1,46).

Le regain de la fécondité en Allemagne ne suffira toutefois pas à faire face au vieillissement de la population, effet inéluctable du renouvellement insuffisant de la population pendant près de quarante années. L’Allemagne dénombre actuellement 45 millions d’actifs, soit 54 % de la population totale (43 % en France). D’ici à 2060, on s’attend à une baisse de 14 à 16 millions du nombre d’actifs. Le vieillissement de la population est donc un véritable sujet économique. Non seulement, pendant près de 20 ans, les actifs vont devoir supporter à la fois les coûts d’éducation des enfants et du financement des retraites. Mais la croissance, qui s’établissait à 1,25 % par an les cinq dernières années, devrait baisser à 0,75 % par an sur la période 2021–2025.

Quelles solutions possibles ? A court terme, Il est possible de ralentir le déclin démographique à travers une politique d’immigration choisie (comme le font des pays comme le Canada) ou non, avec toutefois des enjeux politiques non négligeables. Le succès électoral de l’AFD trouve en effet son origine dans la politique d’immigration du dernier gouvernement Merkel. A plus long terme, il revient aux gouvernements de développer de nouvelles mesures afin de permettre en particulier aux femmes de concilier travail et famille. Enfin, il faudra probablement considérer le sujet de la démographie à l’échelle européenne car de manière générale la natalité européenne est largement inférieure à celle de nombreuses autres régions du monde.

Auteur
               
Florence Schlensog
          
Sources

  • http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/03/29/l-allemagne-fait-plus-d-enfantsmais-continue-a-vieillir_5278251_3214.html
  • http://www.lemonde.fr/societe/article/2018/01/16/les-taux-de-fecondite-europeensa-la-lumiere-des-politiques-familiales_5242421_3224.html
  • http://m.leparisien.fr/international/allemagne-rebond-des-naissances-grace-auxmeres-etrangeres-28-03-2018-7633650.php
  • http://www.spiegel.de/gesundheit/schwangerschaft/geburtenrate-in-deutschlandsteigt-hoechste-geburtenziffer-seit-1973-a-1200246.html
  • http://www.sueddeutsche.de/leben/geburtenrate-deutschland-statistisches-bundesamt-1.3924715
  • https://www.challenges.fr/monde/europe/allemagne-la-natalite-s-ameliore-mais-reste-preoccupante_567505
  • https://www.lesechos.fr/monde/europe/0301291373090-en-allemagne-un-recordde-naissances-depuis-vingt-ans-2153286.php